La chose est acquise : avec les Jeux Olympiques, les infrastructures de transports vont être soumises à une pression inédite, dans la capitale comme dans toutes les villes hôtes. Mais ce n’est qu’un avant-goût des défis à venir pour un secteur central dans la stratégie de décarbonation du pays...
Les défis que représentent les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 en matière de logistique et de gestion des flux sont à la hauteur de cet événement exceptionnel. L'Office du tourisme de Paris anticipe ainsi 15,9 millions de visiteurs cumulés pendant les JO 2024. À ce chiffre, il convient d’ajouter les visiteurs dans les villes hôtes en dehors de la région parisienne, comme Bordeaux, Nantes, Lyon, Saint-Etienne, Nice ou Marseille, qui accueilleront des épreuves de football, de voile, de handball ou de basket-ball. Au total, en plus de Paris, 73 collectivités recevront athlètes, encadrements, spectateurs, journalistes...
Pour gérer tous ces déplacements au sein de la métropole parisienne et dans les villes hôtes (ainsi que les flux de marchandises liés à l’événement), les acteurs des transports et les réseaux vont être plus sollicités que jamais. Ils devront faire face à une pression inédite, avec une sur-sollicitation très ponctuelle de leurs infrastructures. Plus que jamais auparavant, le moindre grain de sable pourrait enrayer toute la mécanique et affecter l’image du pays à l’international.
Cette pression, exceptionnelle par son ampleur, est pourtant une opportunité idéale pour les opérateurs de transports. Les JO sont en effet une occasion unique pour eux de mettre en place les outils qui leur permettront de gérer plus sereinement l’accroissement attendu de la fréquentation dans les années qui viennent.
En effet, la décarbonation du secteur des transports, principale source d'émissions de gaz à effet de serre en France (31 % en 2019), nécessite un transfert massif vers les modes de déplacement collectifs, propres et durables, en particulier pour les trajets quotidiens.
Mais pour que ce report modal se produise, il faudra une nette amélioration de la qualité de service des réseaux de transport, notamment en termes de ponctualité, de fiabilité et de confort... Malheureusement, les efforts dans ce domaine ne sont pas encore suffisants pour répondre à l’enjeu. En effet, alors que le transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises retrouve sa dynamique d’avant crise
Covid, l’Autorité de Régulation des Transports (ART) pointe dans son bilan de l’année 2022 une ponctualité qui se dégrade pour la plupart des activités. Ces dysfonctionnements récurrents, bien connus des usagers Franciliens, suscitent des préoccupations légitimes quant à la capacité du réseau à fonctionner efficacement pendant les JO 2024.
Un des principaux leviers d’amélioration est lié à la maintenance du matériel et des infrastructures. Cette maintenance répond encore trop souvent à des logiques “curatives” (en réaction à une panne), plutôt que “prédictives” (en anticipation d’une défaillance). Renverser cette logique, en cherchant à prévenir plutôt que guérir et en identifiant en amont les points faibles du réseau permettrait aux opérateurs de transports, comme aux passagers, d’y gagner grandement.
Il ne s’agit pas de dire que le secteur des transports n’est pas capable de se réinventer, loin de là ! C’est un domaine qui fait l’objet de nombreuses innovations et qui profite actuellement du développement de l’intelligence artificielle - pour optimiser les flux ou améliorer la sécurité, par exemple. Des capteurs sont d’ailleurs maintenant largement déployés sur le matériel roulant et les infrastructures pour faire remonter de précieuses données et limiter les défaillances. Mais trop peu de ces informations sont réellement exploitées, faute d’outils adaptés et de temps ou d’expertise.
Résultat : dans le ferroviaire, trop de retards restent aujourd’hui imputables à des défaillances des infrastructures... Espérons que les opérateurs sauront saisir la balle au bond, et que ces Jeux Olympiques et Paralympiques serviront de tremplin pour partir sur de bonnes bases pour l’avenir.
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